Hellébore observait les feuilles tombantes, dont il ne percevait que les nuances de gris, de noir et de blanc. Cependant, au fil des années, il avait appris à discerner la moindre différence, le moindre changement qui pouvait se produire dans son environnement. Et ce qu’il percevait ne lui plaisait guère.
Le crépuscule était imminent, et le ciel assombri conférait une aura plus inquiétante aux arbres qui l’entouraient.
— Qu’est-ce que tu regardes ?
Narcisse parvint à lui arracher un sursaut. Ce dernier demeurait toujours aussi furtif lorsqu’il évoluait dans son élément, au cœur de la nature et des arbres. Il se plaça aux côtés d’Hellébore, arborant un sourire satisfait d’avoir réussi à le surprendre, puis dirigea son regard dans la même direction que le prince.
— Alors ? demanda-t-il de nouveau.
Hellébore se tourna de nouveau vers les feuilles des arbres.
— Leur couleur a changé.
Les feuilles bleues de ces arbres centenaires ne changeaient jamais de couleur, quelle que soit la saison et les température. Jamais.
Narcisse fronça les sourcils avant de constater la même chose.
— C’est vraiment subtil. Rien de quoi s’inquiéter, le rassura Narcisse en posant une main sur son épaule. Allez, viens.
Hellébore pensait que le don de Narcisse l’aiderait à comprendre ce changement. Peut-être avait-il raison, et le prince s’alarmait inutilement.
Hellébore suivit son ami sans protester, bien que son inquiétude ne le quittât pas complètement.
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