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UN ROMAN DOIT-IL ÊTRE PUBLIE POUR AVOIR DE LA VALEUR ?

Un roman doit-il être publié pour avoir de la valeur ; être lu pour exister ?

Il n’y a pas une seule réponse ni une unique vérité, mais nous allons tenter d’avoir une brève réflexion à ce sujet.

Dans un premier temps, qu’entendons-nous par valeur ? Il existe plusieurs définitions de ce terme et c’est pourquoi il est important de les définir pour comprendre la valeur d’un roman dans son entièreté.

« Ce que vaut un objet susceptible d’être échangé, vendu, et, en particulier, son prix en argent » — LAROUSSE

Autrement dit, nous allons parler ici du livre dans sa dimension objets, en tant que produit. Car, oui, n’en déplaise aux amoureux des mots qui se passionnent pour l’écriture, l’édition est un secteur, les maisons d’édition des entreprises et en somme, les écrivains y sont considérés comme des travailleurs.

Ici, ce sont les professionnels du livre qui détermineront la valeur d’un livre. Mérite-t-il qu’il le publie ? Trouvera-t-il des lecteurs et sera-t-il bien reçu ?

Aujourd’hui, beaucoup pensent encore que les maisons d’édition restent les paroles saintes en la matière. Un livre aura de la valeur UNIQUEMENT, s’il est publié et surtout, publié en maison d’édition. Car, même si les choses changent petit à petit, lorsqu’un roman est publié par une maison d’édition à l’inverse d’un auteur auto publié, il est souvent mieux accueilli, car le statut de l’éditeur lui délivrera un certain prestige.

Ce roman a été publié, donc il est bon. Il a de la valeur.

Mais dans ce cas, nous sommes en droit de nous demander si un mauvais roman (du moins, ce que nous considérons comme mauvais, car la valeur d’un roman diffère d’un individu à l’autre) devient meilleur, car il est publié.

Aura-t-il plus de valeur aux yeux des lecteurs, au même titre que les éditeurs ?

On en revient donc à cette valeur que l’on confère à un livre.

Faut-il l’approbation de professionnel pour qu’un roman ait de la valeur ?

Pas nécessairement, puisque le texte, qu’il ait été publié en maison d’édition ou en auto-édition (ou qu’il ne soit pas publié) reste le même.

La question du lecteur entre donc en jeu. Est-ce lui qui donne réellement de la valeur à un livre ?

« Ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d’un point de vue personnel ou selon les critères d’une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre » — LAROUSSE

Un lecteur, au fond, est comme un éditeur, une personne tierce pour qui le roman aura de la valeur ou non, mais cela dépendra de son système de pensée, de ses préférences et de ses désirs. Peut-être qu’un roman publié traditionnellement bénéficiera d’un certain prestige, mais à la fin d’une lecture, ce prestige s’envole si le lecteur n’y a pas trouvé son compte. Et pire, s’il a détesté sa lecture.

Alors un livre perd-il de sa valeur s’il n’est pas reçu positivement par un ou plusieurs lecteurs ? Pour ma part, non.

Un roman pourra sembler excellent aux yeux d’un lecteur et totalement rater dans les yeux d’un autre.

Et à mon sens, un roman ne perd pas de sa valeur (en tout cas, aux yeux de l’auteur. Même si cela n’est pas toujours vrai) s’il n’est pas positivement reçu.

Et aux yeux de l’auteur ?

Un roman (ou n’importe qu’elle autre œuvre) aura toujours de la valeur pour celui qui l’écrit, qu’il soit publié ou non, connu ou non. Du moins, je parle de mon point de vue et de ma propre expérience. Il est vrai que la valeur que l’on trouve dans une de nos œuvres peut changer en fonction d’un lecteur, d’un professionnel du livre. L’influence externe peut-être parfois néfaste sur la confiance que peut avoir un artiste sur ce qu’il crée. À tort ou à raison.

Connaissez-vous John Kennedy Toole ? Personnellement, je ne savais rien de lui avant que Matthias Rouage (@MRouage) ne m’en parle sur Twitter (je vous invite d’ailleurs à lui rendre visite).

Le roman de cet auteur avait été refusé partout, à chaque maison d’édition où il avait tenté sa chance. Désespéré, il avait fini par se suicider. Cet acte pouvant paraître extrême est compréhensible. Que restait-il à cet homme si l’écriture était toute sa vie et si dans son esprit, le seul moyen de donner à son texte de la valeur était de le voir publier ?

Finalement, après sa mort, grâce à l’aide de sa mère qui n’avait cessé de contacter des éditeurs, son roman « La conjuration des imbéciles" a finalement été publié (et à même reçu le prix Pulitzer en 1981).

Ce roman était-il mauvais avant d’être publié ? N’avait-il pas de valeur lorsqu’il avait été refusé auparavant ? N’aurait-il rien valu s’il était resté dans l’ombre ?


Pour conclure, j’aimerais dire ceci. Un roman a de la valeur aux yeux de celui qui l’écrit, mais aussi aux yeux de celui qui le publiera (s’il n’est pas autoédité) et de celui qui le liera. Mais la valeur de ce roman ne sera pas moindre (ou du moins, ne devrait pas l’être) dans les yeux de l’un, s’il n’en a pas dans celui de l’autre.

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